Appel à communications 6e vol.

2024-04-03

APPEL À CANDIDATURES 6ÈME ÉDITION

Appel valable du 3/04/2024 au 14/07/2024

 

RÉPÉTITION

La technique psychanalytique est construite sur la base de l'intérêt, dès le début, pour le traitement du symptôme. Non seulement des obstacles à ce traitement sont apparus avec l'utilisation de l'hypnose, mais la technique de l'association libre a également montré des obstacles à l'accès aux conditions qui ont donné lieu à la souffrance actuelle, puisqu'au lieu d'un souvenir, c'est la répétition d'un acte, d'un fragment de passé, qui apparaît. Freud y voit une résistance qu'il explique par le mécanisme du refoulement, dont le contenu intolérable pour le moi reste inconscient et n'est donc pas remémoré.

L'appareil psychique se donne alors pour tâche de retrouver un signe de satisfaction à travers les traces mnésiques, sous forme de souvenir, qui retracent l'itinéraire de la satisfaction originelle ; par suite du refoulement, quelque chose est oublié, de sorte que le souvenir, en tant que contrepartie de ce mécanisme, est du côté du retour du refoulé. Cependant, Freud précise qu'il existe des éléments qui n'ont jamais été conscients et qui n'ont donc pas été atteints par le refoulement, de sorte que l'on ne peut pas se souvenir de ce qui n'a jamais été oublié.

Après le tournant du 20ème siècle, les séquelles de la guerre ont ouvert un nouveau champ de manifestations psychiques comme les rêves traumatiques, la réaction thérapeutique négative, les fixations infantiles, le jeu du "Fort-Da", qui sont expliquées sous une nouvelle orbite.
La nouvelle classification pulsionnelle place la pulsion de mort comme une force démoniaque qui attaque perpétuellement et violemment l'appareil psychique, dans un mouvement compulsif de répétition qui recherche le plaisir pour l'un des systèmes (inconscient) même si cela implique le déplaisir pour l'autre (conscience). Cette tendance pulsionnelle, plus originelle que le principe de plaisir qu'elle détrône, est mise en œuvre dans le transfert sous la forme de l'éternel retour du même.

Dans les élaborations de Lacan, la reconnaissance de la répétition liée à la chaîne signifiante apparaît déjà dans les premiers séminaires, dans le sens d'une insistance qui cherche à déterminer ce qu'est le sujet autour de son manque, au moyen du savoir qui viendrait du champ du S2 ; c'est-à-dire que la répétition est étroitement liée à ce que le sujet représente comme terme exclu de la chaîne, que l'on essaie de récupérer tout le temps dans l'articulation signifiante. La répétition a un caractère symbolique qui se présente à l'intérieur de la boucle S1-S2 ; et précisément l'impossibilité de piéger ce signifiant qui nomme l'être du sujet, implique l'insistance constante de la chaîne qui produit cet effet répétitif.
Au point du séminaire XI, il souligne l'échec de la répétition lié à l'élément temporel de l'inconscient. En tant que rencontre ratée, la répétition n'indique pas l'inscription d'un réel impossible à saisir par les signifiants (automate), mais renvoie au contraire à cet élément d'insistance impérative qui ne parvient jamais à être trouvé (tyché). La répétition est donc postulée comme concept articulateur entre le signifiant et le réel, et donc comme clivage entre l'automate et la tyché.

Dans le séminaire XVII, il propose la connaissance comme répétition, liée à la perte et à la récupération de la jouissance dans une perspective économique ; dans ce séminaire, le S1 est lié à un lieu vide qui permettra la production de l'objet a. Il s'agit de l'insistance du S1 qui n'est connecté à aucun S2, et dans cette constante mauvaise rencontre il y a une perte de jouissance qui mènera à sa récupération à travers l'objet a. Cet objet, en tant que plus-value de jouissance, est un objet qui peut être utilisé pour la production d'autres objets. Cet objet, en tant que plus de jouissance, est ce qui produit la répétition, étant lié à la fois à la connaissance et à la vérité.

A partir de ce parcours, il est possible de reconnaître comment la répétition est liée à la conception du sujet, au registre du symbolique et du réel, au transfert, à la jouissance, à l'objet a, en mettant en évidence la façon dont il est assemblé dans la vaste construction psychanalytique.

Le sixième numéro de Pathos nous invite à travailler sur le thème d'un des concepts fondamentaux de la psychanalyse : la répétition, en reconnaissant dans les élaborations sur ce concept, de nouvelles contributions académiques, de nouveaux équilibres de connaissance qui continuent dans l'orientation de la clinique ainsi que de la théorie psychanalytique.

Nous vous invitons à écrire pour ce nouveau numéro dans ses deux modalités, papier libre et dossier, sous les axes thématiques suivants : répétition et symptôme, répétition et fantasme, compulsion à la répétition, les deux statuts (tyché et automate), répétition et jouissance, répétition et signifiant, fin de l'analyse et répétition.