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5 (2022)
ISSN 2618-2882
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La reconceptualisation et l’adaptation d’expression en terminologie
culturelle
Cultural Terminology: Notions of Reconceptualisation and Rewording
Abibatou Diagne Université Cheikh Anta Diop, Sénégal Abibatou.diagne@ucad.edu.sn
Résumés
      
fondamentaux développés en terminologie dans
    : la
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Ces deux notions sont a   proche
élaborée par Diki-Kidiri et al (2008). Elles sont
les moyens par lesquels, en contexte africain, les
prier
une     
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linguistique, les unités terminologiques perdent
souvent une bonne partie de leur caractère
spécialisé, donc terminologique, pour être des
unités vulgarisées en raison de la dimension
communicative de cette approche. Dans un
premier temps, seront rappelés les éléments clés
de la terminologie culturelle qui soutiennent la

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récentes faites en sciences cognitives Carey
(2009), 
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en linguistique cognitive à la terminologie. Le
     
des unités terminologiques qui, à notre sens,
pourraient être plus que des unités vulgarisées.
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culturelle qui ne se fonde pas que sur le percept
et qui ne propose pas que des unités
terminologiques vulgarisées.
Abstract
The study focuses on two fundamental aspects
developed in cultural terminology:
(re)conceptualization and the adaptation of
expression developed by Diki-Kidiri et al (2008).
They are means by which, in an African
environment and in a context of weak
terminological development, speakers of a
language can reappropriate knowledge and adapt
it to the possibilities of expression specific to that
language. Reconceptualization and the adaptation
of expression are complex processes although the
authors (Diki-Kidiri et al, 2008) propose ways to
achieve them. We recall the key elements of
cultural terminology that support the
(re)conceptualization and adaptation of
expression. On the basis of recent studies in
cognitive science (Carey, 2009), we underline the
limits of an approach based on the notion of
percept and insist, following Temmerman (2000),
on the contribution of cognitive linguistics to
terminology. The last point addressed concerns
the formal aspect of terminological units, which, in
our opinion, should not only be popularized units.
The objective is to move towards a cultural
terminology beyond perception and
popularization.
Mots-clés
terminologie culturelle reconceptualisation
 termes
Keywords
cultural terminology re-conceptualization
adaptation of expression terms
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1. Introduction
Les notions de reconceptualisation et d'adaptation de l'expression sont au
-Kidiri (2008). Cette approche
présente des similitudes avec plusieurs autres développées en terminologie :
communicative (Cabré, 1998), socioterminologique (Gaudin, 1993), sociocognitive
(Temmerman, 2000). Ce que ces approches ont en partage est leur orientation

wusterienne avait écartée.
Diki-Kidiri met en avant la manière dont les communautés culturelles

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seul champ spécifique de connaissances, Diki-Kidiri montre, avec des exemples, que
           
diffère.
Ce travail sur les concepts et leur représentation a une incidence sur le choix
des termes qui désignent ces concepts. En l
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locutrice et qui sont mieux adaptées pour restituer le concept de départ.
2. Terminologie culturelle : éléments de base
La conception culturelle de la terminologie par Diki-Kidiri (2008) fait de
celle-ci un instrument de développement de la langue. Cela passe notamment par
une reconceptualisation de domaines de connaissance en  

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« 
monde des cultures traditionnelles africaines » (Diki-Kidiri, 2008, p. 32). En
contexte africain, il existe deux situations propices à la multiplication des unités
 les
réalités nouvelles à dénommer existent indépendamment de notre culture [ces
réalités sont] le plus souvent créées en Occident » (Diki-Kidiri, 2008, p. 32). La
        réalités anciennes en
            
cultures africaines traditionnelles » (Diki-Kidiri, 2008, p. 33). À noter que Diki-Kidiri
a notamment illustré cette dernière situation en explorant le domaine des ravageurs
      icides. Ce choix délibéré est conforme au

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dimension utilitaire et pragmatique que Diki-Kidiri invoque pour la terminologie
             
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terminologique (UT) au sens classique du terme, mais plutôt une unité qui intègre
la langue générale.
De ces visions utilitaire et pragmatique se dégagent également deux
impératifs sur le plan de la forme. Le premier est un impératif linguistique, où il est
question de traduire une terminologie constituée vers une langue africaine. Le
second impératif concerne la déterminologisation qui ressemble à une opération de
-à-dire réussir à ce que le terme intègre la langue générale et que

La vision utilitaire et pragmatique de la terminologie culturelle, comme nous

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
transcrit) en vue de préparer
ou développer des terminologies dans différents domaines.
La dimension verbalisante, expansive des langues concernées est une autre

nos recherches précédentes (Diagne et Kébé, 2018; Diagne, 2018), il est apparu que
           
     
produits scienti

Le travail de Diki-
se positionne non pas comme une réponse à un besoin linguistique spécifique,
quoique cette dimension y soit, mais surtout comme une volonté de démontrer que
les langues en Afrique peuvent, sur le plan linguistique, se réapproprier des

         
puisse acquérir « plus de savoir et plus de savoir-faire tout en préservant son
identité culturelle » Diki-Kidiri (2008, p. 18). Diki-
premiers travaux linguistiques allant dans le sens de « défense » des langues en
Afrique (cf. Diop, 1975; Mbodj, 1994). Ces idées de « défense » et de
« démonstration         

ensuite possiblement par le grand public pou    
pourquoi la terminologie culturelle accorde une grande importance aux dimensions
communicative et sociale. Les terminologies ainsi créées seront utilisables et
utilisées par les communautés destinataires.
En évoquant la reconceptualisation, Diki-    
très présente en linguistique générale et en sciences du langage : les universaux de
la langue. Les études ont démontré que les langues reflétaient une vision du monde
écoupages distincts. Après tout, « [n]ous pensons un
 » (Benveniste, 1974, p. 6). Ces assertions

    u monde ou les éléments saillants de ces
N.
o
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ISSN 2618-2882
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représentations. Ces découpages pour ce qui est des langues en Afrique sont
résolument ancrés dans le réel. Dans nos travaux sur la terminologie médicale en
wolof (Diagne, 2018), nous avons noté que la désignation des termes se faisait sur
- Kidiri (1999), pour désigner
la bicyclette, donne quelques exemples :
gbâzâbängâ, « roues de caoutchouc », en sängö (Centrafrique) ;
nàgàsó, « cheval de fer », en bambara (Mali) ;
magu-mâkwanganya, « quatre pieds », en lilikô (langue bantu de la zone
D en République démocratique du Congo) (Diki-Kidiri, 1999, p. 579).
2.1. Reconceptualisation et adaptation d’expression
iki-Kidiri et al. (2008, p. 34-
           
« concept premier », celui-ci « 
 Chaque classe est « une
instance concrétisée du concept 
a une forme écrite comparable à un « plan de réalisation », qui est donc la seconde
facts, objets créés par

  ». Ces
dernières ainsi déterminées permettent-    nnaissance des
 
 » en vue de catégoriser. Thoiron (1996, p. 516) considère que
« es archi-
concept par examen de leur représentant dans diverses cultures ».
La reconceptualisation est décrite comme le procédé par lequel les locuteurs
reprennent à leur compte un concept conformément à leurs modes de pensée et
    e « déconstruction et de reconstruction ». La
reconstruction ne consiste pas à annihiler un travail précédemment fait, mais à
            
possible de relever les éléments fondamentaux à prendre en compte pour trouver
des concepts et désignations analogues vers la langue cible.
Diki-
           
bicycle            

communautés qui ont motivé les appellations.
2.2. Dans la pratique
Dans la pratique, les chercheurs de la terminologie culturelle proposent une
méthode (Diki-Kidiri, 2008) comportant six étapes :
(1) l         
terminologique ;
N.
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(2) l
visé ;
(3) la conceptualisation consiste à faire des recherches en vue de délimiter
un concept, le comprendre selon le point de vue de la langue source ;
(4) la reconceptualisation est une réappropriation du concept dans la culture

(5) l


(6) l
Les six points ainsi présentés, il convient de faire quelques remarques. Le
          

            fait que la
          
      représentée mentalement   
nommée. Procéder par la désignation avant de se représenter la réalité désignée
reviendrait à travailler sur un aspect purement formel de transfert ou de traduction
littérale de langue à langue. Les points cinq (5) et six (6) renforcent la dimension

La conceptualisation est une partie essentielle de la terminologie. Ceci est
principalement à la focalisation onomasiologique des pratiques terminologiques.
Le concept a été défini de différentes manières par les linguistes et les
terminologues.
3. Le percept et le concept
3.1 Le signifié et le concept
Le concept est défini comme « une unité structurée de pensée par laquelle
nous appréhendons le monde » (Depecker, 2002, p. 111). Le concept apparaît
comme une « représentation mentale » forteme   
symbolique, physique (le percept comme unité de perception). Le signifié, à notre
sens, marque une distinction dans sa représentation verbalisante. Les mots ou la
est faite.
En terminologie, le concept est traditionnellement préféré au signifié, au
sens, ou encore à la signification. Le signifié renvoie à une notion purement
linguistique selon le paradigme structuraliste, alors que le concept se présente
comme un it

représente des objets du monde réel. Le concept comporte une dimension
extralinguistique. Le concept 
sémantisme uniquement linguistique. Le sens, dans une perspective
terminologique, est circonscrit à un domaine de spécialité, ce qui est une approche
réductrice.
N.
o
5 (2022)
ISSN 2618-2882
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Dans une étude de la dénomination, Diki-Kidiri (1999) évoque la place du
signifié et du concept. Le premier constitue une perception particulière alors que le
second est considéré comme une représentation universelle objective. Que cela soit
le concept ou le percept, leur matérialisation formelle est le signifiant. Toutefois
         
        
        ble

apparaît clairement que des variations subjectives interviennent. Par ailleurs, il

d

théorisation dans le cadre de la Théorie Générale de la Terminologie (TGT). Le
maître mot dans cette approche terminologique étant la biunivocité : à un concept,
une désignation; à une désignation, un concept. Cet idéalisme wüsterien cherche
une distinction franche entre concepts. Les limites de la TGT ont été relevées en


prépondérants pour la TGT. Le premier point est la polysémie, qui est présente dans
ution de la
langue ne peut être contrainte.
3.1. Le percept et le concept

de la philosophie cognitives. 
le concept dans son ouvrage, The origin of concept, tout en proposant elle-même une
large ét
au long de son développement cognitif. Nous nous limiterons ici à rapporter les
points qui nous semblent pertinents aux notions de concept et de percept tel que
développé dans le cadre de la terminologie culturelle. Dans un premier temps, nous
          
ensuite question de voir comment la notion de développement cognitif en tant que
processus par lequel on accède à la connaissance, particulièrement à la
connaissance de catégories (artefacts et espèces naturelles), peut, en terminologie,
permettre de donner les traits saillants de ces catégories.
        

un système de connaissances explicites comme les théories. Le système cognitif de
base comprend 
permettent de construire des représentations au contenu spécifique. La cognition
de base comprend des structures mentales qui représentent ces contenus
spécifiques du monde réel (Carey, 2009, p
postulat est que le système de cognition de base ne peut être réduit à des primitifs

le seul capable de créer un système de représentation qui transcende le système de
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cognition de base. En ce qui concerne les représentations mentales inscrites dans
un système de connaissances explicites, Carey (2009, 
mathématicien Leopold Kronecker cité par Weyl (1949, p. 33). Pour Carey, chez
Kronecker, la capacité à représenter les nombres fait partie du système de cognition
de base alors que toutes les théories mathématiques y compris les concepts de
          
théorisation humaine.
Le percept comporte une dimension fluctuante, ce qui peut constituer une
limite au processus de représentation. Ce caractère mouvant, évolutif des percepts
a nécessairement une influence sur les désignations. En   
        
multiplicité des terminologies pour un seul concept ne pose pas en soi de problème,
          de
concept.
        

-familier à du familier
(Brigaudiot et Danon-


Cette         
sociocognitive développée par Temmerman (2000) et qui a des similitudes avec

 
expérience humaine, donc une donnée empirique qui ne se limite pas à une

perspectives de conceptualisation. Avec la terminolog
      
         
proposées.
La conceptualisation par métaphore et analogie est opérante pour les objets
             

de caractéristiques saillants. Il conviendra donc pour chaque langue de « découper »
ou délimiter les « units of knowledge ».
Temmerman (2000), évoquant les principes traditionnels wüsteriens,
souligne le caractère non essentiel de la normalisation pour les disciplines
scientifiques qui portent sur la vie. Elle insiste sur une posture qui va au-delà de
l'approche traditionnelle qui serait une délimitation claire, nette et franche du
concept. Ce qui importe dans la terminologie sociocognitive reste la compréhension
que le locuteur de la langue a du concept dans un domaine précis. C'est la raison
pour laquelle Temmerman note l'existence de plusieurs modèles cognitifs.
N.
o
5 (2022)
ISSN 2618-2882
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4 Unités terminologiques et forme

la résurrection du savoir culturel endogène, (2) la motivation philologique, (3) la
métaphorisation, (4) la motivation morpholexicale (Diki-Kidiri, 2008, p. 57). Chacun
de ces procédés dénote une approche qui se fonde sur la connaissance de la culture

culturel. Voici quelques exemples :
- métaphorisation - avion : Ndeke (lingàla), picc mi (wolof)
- motivation philologique - lingàla : nganga (guérisseur traditionnel, féticheur

- train (lilikó) : mambélé--sukà (serpent à deux têtes); (wolof) : saxaar
(fumée laissée par le train) (ibid, p. 59)
Cette approche cognitive ne dit toutefois pas grand-chose de la forme des unités. La
          
         -à-dire des

Dans les approches terminologiques traditionnelles, le nom est la partie du

En effet, son fondement théorique et pratique de recherche de biunivocité entre
terme et concept fait du nom la partie du discours utilisée pour étiqueter les
concepts. 
     Par ailleurs, le nom offre une certaine forme

dont le caractère prédicatif exige un ou plusieurs arguments. Les termes simples
(comportant une seule unité) sont plus récurrents sous une forme nominale. Les
termes à plusieurs unités notamment les collocations sont souvent compositionnels.

les termes proposés sont compositionnels sur un plan purement morpholexica
leur transparence sémantique. 
              
linguistique pour les communautés locutrices de ces langues. Un objet comme
st conçu et créé hors du milieu wolophone qui a accueilli un produit fini
avec sa désignation. Cette première raison est sans doute la plus significative

concept désigné. 

certaine transparence sémantique : le sens du concept peut être déduit des éléments
constitutifs du terme à plusieurs composants.
La formation des termes à plusieurs unités comporte des limites en ce qui a
trait à leur sémantique et à leur organisation structurée. La première difficulté
réside dans le choix des unités à considérer comme terminologiques ou non
terminologiques. Il se pose surtout un problème de délimitation de la chaîne
     -on aller pour
N.
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
(radical, nom tête) étant généralement une unité lexicale, quels sont les critères
morphologiques qui doivent entrer en ligne de compte pour créer une UT.
Quels que soient les procédés morphologiques adoptés par le linguiste ou
terminologue, des spécifications de domaine seront nécessaires, ce qui confère un
caractère spécialisé et peut servir de modèle pour de futures créations. La
composition et la motivation ne sont pas les seuls procédés de création, la dérivation
        Ce dernier demeure

éléments linguistiques sont connus et sont propres à la langue. La terminologie
culturelle restreint les possibilités de formation de désignations. Le seul travail sur

de purisme linguistique. Il est important de réactiver et de réactualiser le stock
           vivante
         -delà des
procédés formels, il faudrait arriver à une démarche systématisante dans la
formation des unités ou créer un voire plusieurs paradigmes désignationnels.
Adopter une -à-dire avoir une méthode suivie
et constante dans le choix des paradigmes désignationnels, ne vise pas à contraindre
ou enfermer le lexique de spécialité dans un modèle puisque cela se révèle très
   n peut rechercher dans les procédés de création


terminologie culturelle fait que la prod
quelque peu négligée. Une des conséquences de cette orientation est que la
         
appropriée par les linguistes et terminologues pour les langues en Afrique, il y a très

La question de la forme des unités terminologiques est indissociable de celle
de leur efficacité. Cette efficacité recherchée par la terminologie culturelle est
également recherchée par la socioterminologie. Les terminologues de cette
approche écartent l'idée de standardisation dans son sens traditionnel pour parler
de « normaison » Gaudin (1993). Le processus « normatif » mettra davantage
l'accent sur l'intercompréhension, d'où l'intérêt de la vulgarisation. Toute la
dimension sociale de la terminologie peut se résumer par la recherche de
l'établissement effectif des unités créées. La socioterminologie vise à « prendre en
compte le fonctionnement réel du langage et restituer toute la dimension sociale aux
pratiques langagières concernées » (Gaudin, 1993). La socioterminologie a un
ancrage sociolinguistique et une dimension descriptive dans son approche des
unités terminologiques. Elle étudie et décrit des unités terminologiques dans un
cadre discursif.


auteurs souhaitent que «        
facilement compris et surtout soit adopté », ce qui exige que « le signifiant soit
adapté aux réalités culturelles du locuteur » (Diki-Kidiri, 2008, p. 58). Toutefois
N.
o
5 (2022)
ISSN 2618-2882
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cette dimension communicative occulte une réalité terminologique qui fait que ces
conditions ne sont pas suffisantes. Les seuls procédés proposés ne pourront pas


tant que procédé lexical pour une terminologisation aura certainement une
 vaut par son
univocité sémantique » (Dumont, 2008, p. XX). Il importe de mettre en avant la
    ailleurs, la dimension
verbalisante de certaines langues en Afrique (Diagne, 2018, 2020) nous amène à
reconsidérer la place des syntagmes pour désigner des réalités issues de domaines
de spécialité.
5. Un travail terminologique au-delà du perçu du vulgarisé
5.1. La langue « un vecteur de connaissance spécialisée »
Comme le note Lerat (1995), une langue sp cialis 
langue dans un domaine particulier : « Une langue sp cialis e est une langue
naturelle consid r e en tant que vecteur de connaissances particuli res » (Lerat
1995, p. 20). C me lorsque
cette situation est tr s circonscrite, il est rare que les manifestations langagi res
 chappent compl tement aux difficult s inh rentes  la langue. Il parat ainsi
 
laquelle la terminologie serait biunivoque : un terme/un concept, un concept/un
terme.
5.2. Les cadres d’émergence d’unités terminologiques



domaine ou sous-domaine de spécialité. Dans le domaine médical, sur lequel ont
porté quelques-uns de nos travaux (Diagne, 2018), cela a pu être relevé. La
médecine traditionnelle wolof compte assez de dénominations et désignations
terminologiques en langue wolof. La médecine dite moderne, en milieu wolophone,
est surtout exprimée en français. Dans ce cas précis, un aménagement des termes
qui se fonde sur une réactivation ou une réutilisation des termes traditionnels ne
risque-t-il- pas de créer une confusion entre les domaines (moderne et traditionnel)
? Dans ce même domaine médical, un des contributeurs dans Le vocabulaire

du lingàla : nganga (guérisseur traditionnel, féticheur devin) ; mónganga (médecin
ne).
    
nécessité de réactivation ou de réutilisation, mais il faut bien noter que ce procédé
a des limites. Pour la terminologie médicale en wolof, la situation de diglossie a fait
ém
- Sëriñ/ Maamën : (guérisseur traditionnel, féticheur)
N.
o
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ISSN 2618-2882
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-           
morphophonologie wolof.

wolof pourrait amener à introduire les notions de « médecine moderne » et de
« médecine traditionnelle » pour distinguer deux sous-domaines ou deux approches
médicales distinctes.
Pour le domaine juridique, les lois et coutumes traditionnelles ont précédé
La différence avec le domaine médical réside dans
le fait que les législations codées et instituées ont pris le pas sur les pratiques
coutumièr   
faite avec prise en compte de termes traditionnels. Un exemple peut être pris avec
la traduction de la Constitution sénégalaise en wolof. Le même constat peut être fait
         

5.3. La nécessité d’un fondement matériel

défend une idée aménagiste. Cela pose la question du fondement matériel. Lorsque
les unités terminologiques seront ainsi créées, ne faudrait-il pas les répertorier ?
-il ce procédé ?
Une terminologie aménagiste il serait juste question de trouver des
ajustements des réponses à des besoins ponctuels a ses limites. Cette démarche est,

rigoureux. Même avec une « terminologie vulgarisatrice », il semble essentiel de ne
pas perdre de vu         
           
planification en amont. La méthode ne fait pas que montrer la voie, elle harmonise
également les différents procédés.

question de vocable en substituant planification à aménagiste. Un travail de
terminologie opère avant tout sur le lexique dont la plasticité est reconnue. Le
lexique ne se laisse donc pas réduire ou contraindre dans des modèles structuraux,


st déjà quelque chose.
La forte dimension orale des langues en Afrique noire est une caractéristique

ites dans ce
-être influencé les auteurs

niveaux.
          
conceptuellement le même niveau de développement que les langues européennes.
             
équivalents de termes constitués en langues européennes. Dans la méthodologie
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
 
différence lexicale, dans ces cas-là, le recours à la synonymie est inévitable même si
          

8), qui insiste sur ses limites
            
africaines du fait des contraintes statistiques et conceptuelles énoncées. En
         is aussi une
-delà des synonymies, de
rétablir une relation bijective entre le terme et le concept. La synonymie, déjà
présente dans les bases de données terminologiques des langues européennes, a
ainsi poussé les concepteurs à toujours spécifier le domaine pour les bases

La dimension normalisatrice est écartée, mais il est un aspect qui nous paraît
indispensable : la recension et la consignation des unités créées ou répertoriées.
Cela est fondamental pour garder des exemples et traces dès lors que la
toricité est un travail long et fastidieux aux résultats parfois
maigres. Pour recenser et consigner, les glossaires, les bases de données sont des
outils qui peuvent être utilisés.
Au-en

terminologique.       -à-vis du
concept.
Sager (1990), qui a identifié des principes de compilation, insiste sur la
prédominance de la pratique terminologique fondée sur le corpus : « Systematic
terminology compilation is now firmly corpus-based, i.e terminology is no longer
extracted from previous list or by individual searches but from a corpus of material
» (Sager, 1990, p. 130).
Le développement terminologique des langues en Afrique nécessite un
travail de constitution de corpus spécialisés et non spécialisés. Ce qui est notoire
dans la recherche linguistique africaine, c'est l'inaccessibilité et parfois le manque
de ressources appropriées pour mener à bien l'activité terminologique.
Fondamentalement, des corpus spécialisés doivent, dans la plupart des cas, être
créés. Cela peut être le résultat d'un travail scientifique aboutissant à un corpus
(Diagne, 2018) ou d'un intérêt ponctuel de l'utilisateur de la langue pour un
domaine précis. Il y a des efforts à faire tant sur le plan linguistique qu'en termes de
recherche. Les outils pouvant aider à l'extraction de termes sont utiles d'un point de
vue multilingue : extraire des termes d'une langue étrangère puis les traduire par
différents procédés. Au niveau unilingue, ils ne sont pas d'une grande utilité, car il
n'y a souvent pas assez de matière à traiter, les corpus devant être construits ou
créés.
Il existe deux types de création de corpus. Elle peut être axée sur la
production d'unités terminologiques. Elle consiste à établir des listes d'unités
lexicales spécialisées. Il est possible de réaliser un exercice de traduction d'une
langue étrangère vers la langue à équiper terminologiquement. La constitution d'un
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corpus peut également se faire au niveau discursif par la recherche et la compilation
de productions discursives ayant un lien avec le thème choisi.
-à-dire une meilleure prise en co
normalisateur, devrait être la nouvelle orientation de la terminologie telle qu'elle
est pratiquée en Afrique. La terminologie culturelle fournit le contexte et les étapes
          te de la
normalisation a mis de côté une partie importante de la pratique terminologique :
la production d'UT très spécialisées de manière systématique. Des corpus sont
nécessaires que ce soit pour rechercher des unités ou pour créer des listes d'unités
terminologiques.
6. Conclusion
La terminologie culturelle est sans aucun doute l'une des approches les plus
appropriées pour les activités terminologiques en langues africaines. Le processus
de reconceptualisation de notions issues de cultures différentes de celle africaine
montre les é       

dans la langue africaine à outiller terminologiquement, les éléments qui
correspondent le mieux aux réalités e    
         
déploient les ressources linguistiques et socioculturelles de la langue à équiper.
Ces procédés sont réalisables jusqu'à certains points, mais lorsqu'il s'agit de
travailler dans un domaine très spécialisé et à plus grande échelle, il existe un besoin
de structuration et de systématisation des différents travaux. Ces notions
e la pratique
terminologique. Au regard de la multiplication rapide des terminologies et du

dimension normalisatrice. La normalisation appelle toutefois un certain nombre
        
terminologues, informaticien), mais aussi un travail qui porte sur une langue qui
           
constitution ou la compilation de corpus dans ces domaines est un prérequis.
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ISSN 2618-2882
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Fecha de recepción: 28/04/2022
Fecha de aceptación: 11/12/2022